Dans la case / sur la page: contradictions spatio-temporelles des images de manga
Characters in current manga often move beyond the framework of one panel to intervene in the one next to it. They, therefore, function not only in their panel, but also on the page. In this paper, I argue that the interaction of different panels occurs on the page, even when the panel borders are not visibly transgressed. This seminar will be in French. For copyright reasons, it will not be recorded
College of Arts School of Modern Languages and Cultures Stirling Maxwell Centre
Date: Thursday 14 March 2024
Time: 17:00 - 18:00
Venue: TalkLab (University of Glasgow Library, level 3) + Zoom (see below)
Category: Public lectures
Speaker: Masao Suzuki, Waseda University (Tokyo)
Website: uofglasgow.zoom.us/meeting/register/tZYtf-2hrDMrGtzX0DX4yexJFFLW3_gt7ilC
This seminar will be in French. For copyright reasons, it will not be recorded.
Characters in current manga often move beyond the framework of one panel to intervene in the one next to it. They, therefore, function not only in their panel, but also on the page. In this paper, I argue that the interaction of different panels occurs on the page, even when the panel borders are not visibly transgressed.
Dans le manga actuel, les personnages débordent très souvent le cadre d’une case de façon à intervenir dans celle d’à côté. Ils fonctionnent donc non seulement dans leur case mais aussi sur la page. Mais l’essentiel est que l’interaction de cases différentes se produit sur la page, même quand les frontières des cases ne sont pas visiblement transgressées. En m’appuyant sur plusieurs pages caractéristiques, je montrerai que cette modalité particulière des personnages qui fonctionnent à la fois dans la case et sur la page constitue une clé majeure de la structure visuelle du manga.
D’autre part, les cases du manga présentent en elles-mêmes aussi des contradictions temporelles impressionnantes. Il y coexiste souvent plusieurs instants différents (ou bien plusieurs durées différentes). Il ne s’agit pas là d’une simple juxtaposition de plusieurs scènes dans une image – phénomène qu’on peut observer dans toutes sortes d’images classiques – : ces contradictions dynamisent l’imagination des lecteurs et les forcent à reconstituer un événement ou une action cohérente.
Tous ces phénomènes proviennent – c’est là notre hypothèse centrale – d’une structure très caractéristique du manga (mais qui n’est pas toujours absente de la bande dessinée) qui juxtapose ou superpose plusieurs cadres pour les faire intervenir les uns par rapport aux autres. Je voudrais définir la position historique de cette structure en me référant à l’évolution de la bande dessinée depuis Töpffer pour mieux cerner l’enjeu et la possibilité de l’expérience visuelle moderne incarnée par le manga.
Masao Suzuki
Bio-bibliographie
Masao SUZUKI, professeur à l’Université Waseda (Tokyo)
Il a soutenu sa thèse de doctorat consacrée à la question du hasard objectif dans l’œuvre d’André Breton à l’Université Paris VII. Il a publié des articles sur le surréalisme dans plusieurs revues (en France notamment dans Pleine Marge) ainsi qu’une anthologie intitulée Faits divers surréalistes (Jean-Michel Place, 2013). Ses livres principaux publiés au Japon : Le Surréalisme, une pluralité convulsive (2007), Gherasim Luca, stratégie de Non-Œdipe (2009), Maxime Alexandre, la possibilité du rêve, l’impossibilité de la conversion (2012), Pour parler de l’art plastique surréaliste (en collaboration avec Michio Hayashi, 2011), Gisèle Prassinos, paradoxes d’une femme-enfant (2018), Adieu, les Martiens ! : archéologie de la représentation des extraterrestres (2022). Il a traduit en japonais, entre autres : Salvador Dali, Le Mythe tragique de l’« Angélus » de Millet (2003), Benjamin Péret, Au 125 du Boulevard Saint-Germain et autres contes (2013), Georges Sebbag, Le Point sublime (2018).
D’autre part il se consacre aux études du manga depuis une dizaine d’années et a organisé trois ouvrages collectifs avec Kentaro Nakata : Lire le manga / regarder le manga (2014), Manga : une culture visuelle (2017), Manga et la théorie médiatique (2022).